Vu que ça risque de durer et que le sujet et d'importance, je l'ouvre ici.
Citation de: °ARTMAN° le avril 16, 2018, 23:41:34
"Quand t'aura tes sieges de soupapes affaissés je pense que ça te convaincra!! J'ai vu les miens! Il me serait jamais venu a l'esprit de douter sur cette opération couteuse!? Que l'on doute des produit additif perlinpinpin ok.. mais sur un travail d'usinage? T'imagine les retours!! Nan, j'y crois pas 1 seconde..et compte bien le faire faire.. c'est la seule solution VALABLE!"
Je te comprends et je suis convaincu autant que toi, n'en doute pas. En plus de 35 ans de carrière, j'ai certainement vu plus de récession de sièges de soupapes que toi (pas des dizaines non plus), mais c'est dû simplement à la différence de nos jobs. Ce phénomème touche principalement les soupapes d'échappement. La solution de l'échange des sièges est effectivement
une solution mécanique durable pour l'éviter. Il n'empêche que croire que l'essence sans plomb en est la seule raison est un manque de connaissances, ce qui n'est pas une tare. Croire que nos carburants actuels n'ont pas d'influence sur ce fait est un déni. Constater que le manque d'entretien régulier de nos vieilles bécanes a des conséquences fâcheuses ici (et ailleurs) est une triste réalité. Les caractéristiques techniques des différents aciers de l'époque étaient ce qu'ils étaient et ont heureusement évoluées. Sans ça, il n'y aurait jamais eu de moteurs suralimentés. Pistons, bielles, soupapes et sièges, culasses, vilebrequin et consorts n'auraient pas eu une espérance de vie très longue. Si j'ai dit que tous mes véhicules anciens (et d'autres autour de moi et ailleurs) n'ont pas eu de modif sur ce point, je n'ai jamais dis que je (on) ne faisais rien pour l'éviter.
Et là, on arrive au guide d'entretien qui dit entre autre, qu'il faut régler le jeu aux culbuteurs tous les X kms. Pourquoi ? Il y a forcément une raison. Si partout ailleurs les jeux fonctionnels ont tendance à augmenter (euphémisme), aux culbus ils ont tendance à ... diminuer ! Effet de matage à la fermeture, fatigue des aciers et allongement de la queue de soupape dû à la chaleur. Si rien n'est fait ici, ça jusqu'à brider la soupape par manque de jeu. Une soupape bridée perd de fait son étanchéité et sous l'effet de la compression augmentée de la pression de combustion, les gaz chauds passent "pincés", sous haute pression et à vitesse lente. Dans notre jargon
de vieux d'anciens, certains (comme moi) appellent ça "l'effet sifflet". Le grillage de soupape et la destruction du siège est désormais en marche. Pour peu que le circuit de refroidissement soit encrassé dans la culasse comme partout, les points de chauffe autour des canaux d'échappement (sans pour autant une indication de surchauffe moteur) ramolliront l'alu et provoqueront un enfoncement du siège. La boucle est donc bouclée. Et ceci ira crescendo si on reste les mains dans les poches. Mais vu que c'est sournois, on s'en apercevra trop tard. Si ceux qui ont eu un moteur boiteux dû à ça se font désormais du souci, on ne peut pas leur en vouloir. A espérer que ... . De nos jours, fini cette opération de réglage, les poussoirs à rattrapage hydraulique sont là. Croire qu'ils suppriment le jeu aux soupapes est faux. Il existe un clapet "élastique" qui agit en quelque sorte comme un silentbloc ayant un degré de liberté de la valeur de ce jeu, plus un effet amortisseur qui atténue l'effet de matage de la queue de soupape lors de l'attaque. C'est le deuxième effet 'kisscool" ! Le coussin hydraulique alimenté par le circuit d'huile moteur n'est là que pour compenser l'usure. Lors d'un démontage de ces poussoirs, nous sommes obligé de les décompresser avant le remontage pour repartir à zéro.
En conclusion, remettre en marche une mécanique ancienne n'est pas ce que beaucoup croient. Ça ne se limite pas à une vidange, échange bougies et courroies plus une belle peinture. Il faut bien intégrer que tout a été conçu, construit, utilisé avec les approvisionnements, les calculs et les ingrédients de l'époque et que le temps a fait son effet.
"Ô temps, suspends ton vol ..." : ça c'est du rêve !